Jeu de Simulation, Jeu d'Entreprise ou Étude de Cas?
Il existe de nombreuses méthodes d'enseignement différentes. Cela peut être un défi pour les formateurs de choisir celles à utiliser dans leur programme pour atteindre les résultats d'apprentissage souhaités dans leurs cours. Ici, nous comparons 3 outils pédagogiques spécifiques pour les enseignants en gestion et affaires : les jeux de simulation, comme Markstrat, les jeux d'entreprise et les études de cas, en montrant certains des avantages particuliers de l'utilisation des premiers.
Jeux de Simulation
Comment les jeux de simulation s'intègrent-ils dans un programme de formation ? Ces séquences développent de nouvelles compétences pour les étudiants, qui apprennent en faisant, et sont donc de bons compléments aux méthodes d'enseignement traditionnelles telles que les études de cas, explique Jean-Claude Larréché, professeur de marketing à l'INSEAD et créateur de Markstrat, un jeu de simulation centré sur le marketing stratégique.
Au cœur: l'apprentissage par la pratique
La fonction principale de Markstrat est de placer les étudiants dans diverses situations. Le jeu leur permet d'observer un marché et ses acteurs, de prendre des actions stratégiques et d'observer les résultats. En effet, les leçons les plus importantes sont apprises par l'expérience. Dans les années 90, les chercheurs ont formalisé le modèle « 70/20/10 », bien connu dans le monde de la formation en entreprise. Selon ce paradigme, 70% de ce que les gens apprennent vient de l'expérience, 20 % des interactions sociales et 10% purement de la formation. "Nous permettons aux étudiants d'apprendre comme s'ils étaient positionnés dans une entreprise, sauf que leurs erreurs potentielles n'auront pas de conséquences coûteuses pour l'entreprise ", résume Jean-Claude Larréché. "C'est une manière efficace d'éduquer. Cela modifie les attitudes et les comportements des étudiants face à une situation. Markstrat fonctionne de manière similaire à la formation ‘sur le terrain’ – même si ce n'est pas le seul outil pour apprendre de cette manière".
Des projets collaboratifs, le travail avec une communauté et les stages sont d'autres formes de formation expérientielle.
Une simulation réaliste, mais en temps accéléré
L'efficacité de Markstrat en un mot : son réalisme. "C'est la base de Markstrat, insiste Jean-Claude Larréché. Tout le processus consiste à partir d'une situation réelle et complexe, à en extraire l'essentiel, et à la recréer dans une simulation. Les professeurs qui n'ont jamais mis les pieds dans une entreprise ne peuvent pas réaliser ces simulations. Le flux de travail est très détaillé, les développeurs apportent un bon nombre de réglages et les testent contre des environnements d'entreprise. Le jeu est un succès lorsque nos testeurs sont incapables de détecter si une situation a été créée pour le jeu ou provient d'une entreprise réelle."
Cela dit, si Markstrat reproduit de manière réaliste un marché et ses acteurs, le jeu a son propre calendrier. L'évolution est simulée sur plusieurs mois, afin que les étudiants comprennent les effets de leurs décisions à moyen et long terme.
"Comparé à une situation d'entreprise réelle, c'est très utile pour les étudiants, car cela raccourcit le temps d'apprentissage en montrant immédiatement les conséquences d'une décision dans le futur", souligne Jean-Claude Larréché. Contrairement à une entreprise réelle : le temps est limité. "Les étudiants n'ont pas cinq heures pour prendre une décision, mais juste une. Cela les oblige à penser rapidement, et donc les processus de prise de décision sont mieux assimilés dans leur esprit. Cela leur apprend également à prendre des décisions plus rapidement"
Jeu de simulation vs étude de cas
Ainsi, les études de cas et les jeux de simulation n'ont pas les mêmes résultats. "Ces deux choses sont complémentaires, tout comme les cours conceptuels", déclare Jean-Claude Larréché. "Les études de cas sont des outils précieux, car elles offrent un aperçu unique du fonctionnement d'une entreprise. L'inconvénient est qu'elles ne montrent que comment les choses fonctionnent d'une manière. Nous ne savons pas ce qui se serait passé si d'autres choix avaient été faits. De plus, les étudiants sont impliqués en tant qu'analystes et non en tant qu'acteurs", souligne Jean-Claude Larréché.
En revanche, les jeux de simulation mettent les étudiants aux commandes. Ils sont en mesure de prendre des décisions, de faire des choix, de tester leurs idées... Et de comprendre quand ils s'égarent.
"Il faut faire des erreurs pour s'améliorer. L'échec est une excellente éducation", affirme Jean-Claude Larréché.
Jeux de simulation vs jeux d'entreprise
La philosophie des jeux d'entreprise, développée par les entreprises pour les étudiants en gestion, est similaire à celle des jeux de simulation comme Markstrat. Les deux organisent une forme de compétition entre les étudiants et créent une émulation, ce qui motive les équipes et les implique dans un apprentissage. "Cependant, ce que font les jeux de simulation comme Markstrat, et ce que la plupart des jeux d'entreprise ne font pas, c'est simuler le marché en détail et de manière réaliste. C'est la partie la plus difficile à simuler et la grande force de Markstrat. Les jeux d'entreprise se concentrent sur la logique interne de la gestion (comptabilité, finance, production...) et simulent le marché de manière simpliste", évalue Jean-Claude Larréché.
Dans Markstrat, le développement est moins "mécanique" que dans un jeu d'entreprise, et il existe beaucoup plus de chemins à suivre. "Les jeux d'entreprise sont moins réalistes car ils sont une simplification extrême de l'environnement de l'entreprise", poursuit Jean-Claude Larréché.
De plus, contrairement aux études de cas ou aux jeux d'entreprise classiques, une simulation comme Markstrat reste pertinente lorsqu'elle est jouée une deuxième, voire une troisième fois. Le déroulement n'a jamais le même effet, et "on découvre toujours quelque chose", note Jean-Claude Larréché. "J'ai rencontré un étudiant qui y a joué cinq fois au total ! Idéalement, les professionnels en tireraient profit en le faisant régulièrement, pour mettre à jour leurs connaissances et remettre en question leurs pratiques.
Un jeu sur mesure
Autre différence: Markstrat peut s'adapter aux types de participants. Le professeur peut varier la difficulté, le niveau de détails et le type d'informations qu'il souhaite utiliser en fonction de qui se trouve devant lui : étudiants de premier cycle, étudiants de master, cadres en formation continue... Et aussi en fonction de leur profil (étudiants avec une formation scientifique ou en sciences sociales, managers, analystes de recherche, spécialistes du marketing...). "Nous fabriquons un très bon moteur, mais la voiture doit s'adapter au client", résume Jean-Claude Larréché.
Ce qui importe le plus, c'est que le professeur en question sache exactement quel est l'objectif des participants, afin qu'ils puissent se concentrer sur l'acquisition de tel ou tel compétence. Une culture commune En fin de compte, contrairement aux études de cas ou aux jeux d'entreprise, Markstrat a l'avantage de créer une culture commune parmi les participants.
Augmentation de la productivité
Markstrat apprend aux gens à parler le même langage. Après y avoir joué, les étudiants partagent les mêmes valeurs compétitives et passent moins de temps sur les détails, ce qui leur permet de travailler plus rapidement. "Ce jeu est un excellent antidote contre ce que j'appelle le théâtre des affaires, les débats non essentiels et la politique", déclare Jean-Claude Larréché.
Il se souvient d'un discours du PDG d'une grande entreprise, qui avait fait jouer Markstrat à 2 000 de ses employés. "Il a dit qu'après Markstrat, des décisions qui avaient pris six mois et des dizaines d'échanges et de réunions étaient réglées en une semaine et quelques coups de téléphone.